jeudi 26 février 2009

Les stratégies de communication des promoteurs du projets


Après lecture de l'article de l’Eclaireur du 13 Février 2009 concernant le projet d'aéroport de Notre Dame Des Landes, voir l'extrait ci-dessous :

"Ce projet est compatible avec les principes issus du Grenelle de l'environnement tenus fin 2007. Il s'agit non pas de la création d'un nouvel aéroport (le « 3e aéroport parisien ») mais du transfert de l'aéroport existant pour cause de sa saturation prochaine et pour des raisons liées aux nuisances sonores. La population concernée par le périmètre le plus large d'exposition au bruit sera de moins de 2 700 personnes à Notre-Darne-des-Landes, à l'horizon ultime, contre plus de 41 000 actuellement avec l'aéroport de Nantes/Atlantique. Le transfert se fait également pour des raisons liées à la sécurité notamment concernant le survol à basse altitude en phase d'atterrissage d'une agglomération de plus de 600000 habitants."

Il me vient plusieurs réflexions :

1) Pourquoi continue-t-on d'exploiter l'aéroport Nantes-Atlantique s'il l'on considère qu'il pose un vrai problème de sécurité ?

2) Est-ce que les défenseurs du projet vous ont confirmé qu'ils fermeraient l'aéroport Nantes-Atlantique lorsqu'ils auront fini de construire leur nouvel aéroport ?

3) Pourquoi consommer autant d'espace pour réaliser un nouvel aéroport au nord de Nantes, s'il s'agit seulement d'un "transfert", comme les défenseurs du projet le prétendent ?

4) Lorsqu'on lit le document du "Haut comité pour la défense civile et économique des Pays de la Loire", on nous explique que l'aéroport de Notre Dame des Landes doit être prévu suffisamment grand pour évoluer du simple "continuateur de Nantes Atlantique", vers le "3ème aéroport parisien", bien que cela soit peu probable, en passant par l'aéroport international du Grand Ouest, capable d'absorber le trafic des aéroports voisins (Rennes, Angers, Vannes, Brest...). Dans ces conditions, il s'agit bien de vouloir concentrer tout le trafic aérien dans la région nantaise, et peu importe, si les villes voisines ferment leur aéroport : la concentration urbaine autour de la mégapole nantaise deviendrait une réalité ! Est-ce de cette manière que l'on pense palier aux nuisances pour les populations ? Le chiffre de 2700 personnes annoncé dans l'article est déjà contredit par ce que l'on a pu lire dans la presse locale qui parle de plus de 40 000 personnes impactées par un nouvel aéroport à Notre Dame Des Landes, qu'en sera-t-il si Nantes Métropole continue de s'étendre comme certains le souhaite ?

5) Pour faire avaler la pilule à la population, qui devra payer la facture (c'est une certitude si le projet se réalise), les défenseurs du projet utilisent des stratégies de communication capables d'endormir un bon nombre d'entre nous. Pas étonnant ensuite, qu'il soit très difficile d'obtenir l'adhésion de beaucoup de gens à notre cause !

6) Je vous recommande de lire "Dégage on aménage" que vous trouverez en téléchargement sur le site de l'acipa. Peut-être qu'alors vous en comprendrez plus sur les méthodes utilisées par les décideurs pour imposer leur volonté ! Vous y trouverez des dessins humoristiques dont celui présent sur ce message.

Extraits du document du "Haut comité pour la défense civile et économique des Pays de la Loire" :

"Actuellement, les scénarios de développement du trafic aérien de NDDL, sont au nombre de trois :
1- NDDL simple continuateur de Nantes Atlantique.
Dans cette projection, le trafic continuera d’augmenter à peu près au même rythme qu’actuellement ; c'est-à-dire de l’ordre de 7 à 8% par an. Soit 6 millions de passagers d’ici une douzaine d’années. Même en considérant un certain tassement des progressions on peut penser qu’à l’échéance 2020 le nombre annuel de passagers atteindrait environ 5 millions.

2- NDDL aéroport international pour le Grand Ouest
Du fait de l’accroissement démographique et économique du Grand Ouest ce scénario, sans doute le plus vraisemblable, verra une très nette augmentation du trafic de gros porteurs.
NDDL deviendra alors un HUB pour la desserte du Grand Ouest avec une concentration des trafics des aéroports de la région Pays de la Loire - Bretagne, vers et en provenance de l’international.

Dans cette perspective l’aéroport de NDDL peut permettre à la région de constituer un pôle touristique valorisant la façade maritime de Nantes – St-Nazaire. A condition que des liaisons faciles soient mises en place pour favoriser les connexions entre le nouvel aéroport, les lignes TGV, les routes et les sites portuaires susceptibles d’accueillir des paquebots, le trafic de NDDL bénéficiera d’un accroissement non négligeable et la région d’un essor économique supplémentaire.

En outre, NDDL sera obligatoirement terrain de déroutement pour ces appareils en cas de QGO7 sur Roissy et Orly, ou en cas de saturation de ces deux sites.
Dés le début et contrairement à Nantes-Atlantique où les infrastructures ne le permettent pas, les pistes, chemins de roulements, et parkings seront prévus pour assurer les mouvements des avions de type A380. ( Atterrissage, roulage, demi-tour, stationnement, ravitaillement, ravitaillement, etc.)

Dans ces conditions, l’augmentation du nombre de passagers sera nettement plus importante, même avec un tassement de la progression, et on peut raisonnablement tabler sur environ 6 ou 6,5 millions de passagers à l’horizon 2020.

Il convient toutefois de noter que le nombre annuel prévisible de passagers, en soi, posera moins de problèmes que les arrivées, en un court laps de temps, de plusieurs gros porteurs amenant chacun 600 à 800 personnes, sinon davantage, qu’il faudra accueillir, router sur Nantes, Rennes, St-Nazaire, Angers, Paris etc.

3- NDDL constituant le troisième aéroport international de Paris
Ce scénario paraît assez peu vraisemblable à moyen terme si l’on considère que l’augmentation des coûts du carburant retardera la saturation de Roissy et Orly.
Mais ce n’est pas une raison pour ne pas prévoir cette éventualité qui peut survenir si une compagnie, décidait de faire de NDDL un HUB à l’échelle de l’Europe de l’Ouest. Les coûts d’installation et de fonctionnement, y seront certainement moins importants que ceux d’ADP (Aéroport De Paris), et les contraintes horaires beaucoup moins sévères. Si les possibilités d’infrastructures et de desserte de surface sont favorables, une telle éventualité serait un formidable outil de développement pour la Loire Atlantique et le Grand Ouest.

Dans ce cas, en 2020, c’est beaucoup plus de 7 millions de passagers qui emprunteraient NDDL. Et le problème de leur réacheminement s’en trouverait encore plus complexe..."


Pour en savoir plus sur les techniques employées en terme de stratégies de communication voir ce que dit Sylvain Timsit à ce sujet :

Voir le paragraphe "Créer des problèmes, puis offrir des solutions" :

"Cette méthode est aussi appelée "problème-réaction-solution". On crée d'abord un problème, une "situation" prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu'on souhaite lui faire accepter."


Par exemple: laisser se développer l'habitat à proximité de l'aéroport Nantes Atlantique pour qu'ensuite les riverains en demandent son déménagement...

Voir le paragraphe " La stratégie du différé" :

"Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme "douloureuse mais nécessaire", en obtenant l'accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d'accepter un sacrifice futur qu'un sacrifice immédiat. D'abord parce que l'effort n'est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que "tout ira mieux demain" et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s'habituer à l'idée du changement et l'accepter avec résignation lorsque le moment sera venu."


Exemple du projet d'aéroport de Notre Dame des Landes, les défenseurs du projet ne cessent de clamer que ça fait 40 ans que les populations sont prévenues...Est-ce pour autant, qu'on leur a laissé le choix ? Non, on a décidé à leur place que ça devait être là, pour un soit disant "Intérêt général" !

Voir le paragraphe "Faire appel à l'émotionnel plutôt qu'à la réflexion" :

"Faire appel à l'émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l'analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l'utilisation du registre émotionnel permet d'ouvrir la porte d'accès à l'inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements..."


Exemple du projet d'aéroport de Notre Dame des Landes que ces défenseurs justifient de faire pour des raisons de sécurité, à cause du survol de la ville de Nantes, ces mêmes personnes ont-elles demandé de fermer immédiatement cet aéroport ? Pourquoi ? Ne devrait-il pas alors être fermé depuis longtemps ? Qu'attend-t-on pour le faire ? Qui osera dire que s'il représente un réel danger, il faut le fermer immédiatement et transférer son activité sur les aéroports des villes voisines : Angers, Vannes, Rennes, St Nazaire, Ancenis en attendant la mise en service de son remplaçant ? Est-ce pour autant qu'en en construisant un autre ailleurs, le problème sera entièrement résolu ?

Il faudrait se demander pourquoi on a continué d'exploiter l'aéroport Nantes Atlantique et d'en faire progresser le nombre d'usagers, plutôt que de les répartir sur les aéroports voisins ? La raison voudrait qu'on s'interroge sur la nécessité de transporter dans les airs 600 à 800 personnes à la fois ? Est-ce que ce genre d'avions sera rempli pour un départ de Nantes ? En cas de catastrophe, même si l'avion s'écrase dans un pré, un bourg, un lotissement au lieu d'un immeuble, ce sera toujours au minimum 600 ou 800 personnes de tuées ! Le pilote de l'avion peut-il toujours choisir le lieu où il se pose en cas d'atterrissage d'urgence ? Plus facilement dans la nature me direz-vous, évidemment ! Mais, les alentours du site de Notre Dame Des Landes n'ont pas cessé de voir de nouvelles constructions, et si l'aéroport se fait Nantes Métropole s'étendra très probablement jusque-là ; dans ces conditions le problème de la sécurité est loin d'être résolu ! La meilleure solution reste la diminution du trafic aérien et non sa possible progression et concentration en région nantaise si ce malheureux projet voit le jour !

Ces stratégies de communication sont appliquées dans beaucoup d'autres domaines, regardez autour de vous...